Quand la BD raconte l’illettrisme

A lire: Paroles d’illettrisme, bande dessinée sous la direction de Luc Brunschwig. Futuropolis – 2008. 88 pages, 17 €.
Une critique de Samir Akacha

Paroles d'illettrisme

Neuf auteurs de bande dessinée se réunissent autour d’un projet: par le dessin, donner la parole à ceux qui n’ont pas le pouvoir des mots.

Paroles d’illettrisme recueille les témoignages de Zahia, Maxime, Amar, Patrick, Ronny, Sylvie, Bonheur et Marcel. A travers leurs yeux, on comprend pourquoi. Pourquoi leur vie fut telle qu’acquérir ces savoirs élémentaires, lire, écrire et compter convenablement, relevait de l’impossible.

Maxime, lui, a un beau père qui cogne sa mère. Pour échapper aux autorités, ils changent de lieu et d’école sans arrêt. Son niveau baisse, il n’arrive plus à suivre. Maxime tombe dans la violence. Il est retiré de chez ses parents, connait les foyers et les internats. Les autres sont durs avec lui. Alors à son tour, lui aussi devient un dur. Il échappe de peu à la prison, tombe dans l’alcool. Son ami réussi à l’en sortir. Peu à peu, par la parole, sa colère s’échappe.

Chacun a une histoire différente. Pourtant, elles se ressemblent toutes. La pauvreté, des institutions sourdes aux difficultés, la violence et le regard des autres. Autant de facteurs qui les ont conduits à être marginalisés par la société.

Au delà de la simple narration, on perçoit dans ces témoignages une force de caractère qu’une vie difficile a forgée, force qui leur donne le courage de reprendre leur destin en main, de réapprendre. Paroles d’illettrisme agit comme un signal; il n’est jamais trop tard pour changer les choses.

S.A.

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Vert (dict)

Les récentes élections européennes ont inspiré les rédacteurs de C’est quoi l’histoire?
Un billet de Moufida Boudehane

Les élections, c’est dans quelle direction déjà? Roulez tout droit, oui voilà, à droite. Vous comprenez, si vous prenez par la gauche ça cale. Sur Europe 1, Jack Lang l’explique : «  Il ne faut pas se raconter des salades, c’est un échec pour le Parti Socialiste« …
Justement parlons en des salades. L’écologie se cultive bien en Europe. Et ce n’est pas Cohn Bendit qui risque de s’en plaindre. Et pour cause, il peut faire taire pour l’occasion ses détracteurs: Bayrou ne pourra pas faire d’une pierre deux coups et lancer la rengaine « Casse toi pauvre Cohn ».
M.B.

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Le tennis à Marseille, c’est (presque) d’la balle pour tous

Le deuxième sport le plus pratiqué à Marseille est le tennis. Il s’est  « démocratisé » au cours de la dernière décennie et est désormais présent dans divers endroits de la ville. Du côté des plages, sa zone d’implantation traditionnelle, mais aussi dans des cités dites « sensibles » des quartiers nord. Tous les clubs reçoivent des subventions mais les moyens mobilisables ne sont pas partout les mêmes. Ni les débouchés qui s’offrent aux jeunes.

Un reportage de Moufida Boudehane (photos: M.B.)

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C’est la fin de l’après-midi et l’air marin souffle sur les terrains en terre battue. Un couple de personnes âgées, assis paisiblement sur des chaises blanches, regarde du haut de la terrasse. La couleur ocre qui prédomine donne des petits airs de Roland Garros aux enfants qui s’entraînent sur les courts. C’est non loin de la plage du Prado que se trouve le plus ancien club de tennis de Provence, le Tennis Club de Marseille (TCM), créé en 1894. Lire la suite

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Les bonbons très acidulés de Claire

Ecstasy, LSD, cocaïne… Pour certains ados, la prise de drogue, totalement dédramatisée, est un élément essentiel des soirées. Claire, 15 ans, a déjà presque tout testé.

Portrait par Léa Ségura

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Rolex jaune”, “colombe verte”, “point d’interrogation bleu”, “chanel rose”… Claire y goûte tous les week-ends. “C’est des bonbons”, comme elle dit. Des friandises hors du commun qui attaquent ses dents? Non, des cachets d’ecstasy qui attaquent son système nerveux et lui font passer, depuis qu’elle a 14 ans, des nuits « perchée« , terme désignant l’état d’euphorie dans lequel la prise de ces cachets la plonge. Lire la suite

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Marsatac, un festival en péril

En septembre prochain, Marsatac s’installera au Dock des Suds. Une décision qui intervient après l’échec des négociations entre les organisateurs et la mairie. Depuis sa création il y a dix ans, le festival de musiques nouvelles a du mal à trouver sa place à Marseille, malgré un succès qui ne se dément pas. Dro Kilndjian, l’un des co-fondateur, envisage de le délocaliser l’année prochaine.

Par Samir Akacha



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Feist, Mos Def, Seun Kuti, Laurent Garnier… Depuis sa naissance, il y a dix ans, Marsatac a accueilli et révélé de nombreux artistes de talent. Et ce festival est devenu le rendez-vous incontournable des musiques urbaines et électroniques, décrochant ses galons d’acteur culturel majeur. En septembre 2008, vingt-sept milles personnes, venues de toute la France et parfois de l’étranger, ont assisté à la dixième édition.

Pourtant, malgré ce succès qui vaut chaque année au festival une grosse couverture médiatique, la ville de Marseille semble le voir comme un indésirable. Lire la suite

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Les discrètes marcheuses de la Canebière

Pour des raisons financières, des femmes quinquagénaires se prostituent au centre-ville en pleine journée. Au milieu des passants et sans attirer l’attention.


Un reportage de Amine el-Mehadji


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Marseille, centre-ville, 10h00. La ville finit de se réveiller, ses habitants, ses commerçants, ses touristes circulent déjà le long des artères phocéennes. Sur la Canebière, la grande rue populaire de la ville, un discret manège commence.

Des passantes d’une cinquantaine d’années marchent par groupe de 2 ou 3, faisant des allers-retours sur le trottoir. Elles sont arrivées récemment du Maghreb, alors que d’autres sont en France depuis quelques années déjà: on les appelle les marcheuses, en référence à leur discrétion et à l’absence de racolage visible. Lire la suite

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Couples mixtes, l’amour clando

Elles sont françaises et aiment un étranger. Les couples mixtes représentent plus de 13% des unions françaises, soit environ 35 000 couples. Fréquemment suspectés de mariages blancs, dans un climat très répressif de lutte contre l’immigration clandestine, ils doivent se soumettre à de lourdes procédures avant de pouvoir célébrer leur union. (lire également « Le droit de se marier est en danger », une interview d’Ana Perez)

Un reportage de Sonia Tizaoui (photos: S.T.)

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« Je n’aurai jamais imaginé me retrouver là». Laurence fait les cents pas devant la grille du centre de rétention administratif (CRA) du Canet à Marseille. Comme elle, ils sont une dizaine à attendre qu’on les appelle pour qu’ils puissent entrer et voir leurs proches.

Rien n’indique à première vue la nature de cet établissement niché au fond du boulevard des peintures dans le 14ème arrondissement, mis à part un discret petit panneau à l’entrée du centre. Lire la suite

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« Le droit de se marier est en danger »

3 questions à Ana Perez, membre du collectif des amoureux au ban public (AMB)* de Marseille. (lire également Couples mixtes, l’amour clandestin)

Propos recueillis par Sonia Tizaoui

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  • C’est quoi l’histoire: Comment est né le collectif AMB et quel est son but ?

Ana Perez: C’est à l’initiative des membres du Comité intermouvement auprès des évacués (CIMADE, association d’assistance aux étrangers présente dans les CRA, Ndr) voyant de plus en plus de couples mixtes à ses permanences que s’est créé en juin 2007 le premier collectif des AMB à Montpellier. Depuis, le collectif s’est répandu dans de nombreuses villes de France et compte aujourd’hui plus de 34 permanences. Lire la suite

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Le mouvement se durcit à l’Université de Provence

Enseignants-chercheurs et étudiants de l’Université de Provence sont en grève depuis plus de deux mois. Le 31 mars, ils ont reconduit le blocage de leurs locaux. Mais les étudiants commencent à s’inquiéter des conséquences du mouvement sur leur année universitaire.

Par Lesly Zinet

(photos – manifs à Marseille -, à voir sur le site de l’Université de provence)

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284 voix contre 188. Mardi 31 mars, l’assemblée générale (AG) des étudiants de l’Université de Provence, réunie à Aix, a voté la poursuite du blocage. Depuis le début de la mobilisation en février, les professeurs souhaitaient à tout prix éviter ces piquets de grève, le libre accès aux locaux étant pour eux une garantie du maintien du dialogue avec les étudiants. Certains enseignants, bien que favorables aux revendications, ont donc assuré quelques cours. Depuis la mi-mars, des barricades de tables et de chaises empêchent l’accès aux locaux. Et ce blocage, comme les délogements de cours qui l’ont suivi, ont découragé la tenue des enseignements. Désormais, tout se joue, ou presque, dans les AG du mardi. Lire la suite

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Le Vélodrome attend toujours son toit

Depuis la rénovation du stade Vélodrome de Marseille en 1997, des rumeurs annoncent régulièrement la couverture de ses tribunes. Mais douze ans plus tard, le projet tarde à prendre forme. Entre attente des supporters et attentisme de la municipalité, ce toit a tout d’une arlésienne. A moins que la candidature de la France pour l’Euro 2016 ne finisse par lancer le projet.

Par Anthony Sarasa


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Echarpe bleue et blanche autour du coup, maillot floqué Drogba, Pierre est catégorique: « Le stade Vélodrome doit être couvert ! ». Situé boulevard Michelet dans le VIIIème arrondissement de Marseille, d’une capacité de 60000 places, le Vélodrome est doté de quatre tribunes de forme elliptique ouvertes vers le ciel. Mais une seule est couverte, ce que déplorent les supporters olympiens, comme Marie: « nos chants s’envolent dans le ciel, au lieu de rester dans l’enceinte, alors évidemment ça fait moins de bruit que dans les stades couverts ». Lire la suite

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