A lire: Paroles d’illettrisme, bande dessinée sous la direction de Luc Brunschwig. Futuropolis – 2008. 88 pages, 17 €.
Une critique de Samir Akacha
Neuf auteurs de bande dessinée se réunissent autour d’un projet: par le dessin, donner la parole à ceux qui n’ont pas le pouvoir des mots.
Paroles d’illettrisme recueille les témoignages de Zahia, Maxime, Amar, Patrick, Ronny, Sylvie, Bonheur et Marcel. A travers leurs yeux, on comprend pourquoi. Pourquoi leur vie fut telle qu’acquérir ces savoirs élémentaires, lire, écrire et compter convenablement, relevait de l’impossible.
Maxime, lui, a un beau père qui cogne sa mère. Pour échapper aux autorités, ils changent de lieu et d’école sans arrêt. Son niveau baisse, il n’arrive plus à suivre. Maxime tombe dans la violence. Il est retiré de chez ses parents, connait les foyers et les internats. Les autres sont durs avec lui. Alors à son tour, lui aussi devient un dur. Il échappe de peu à la prison, tombe dans l’alcool. Son ami réussi à l’en sortir. Peu à peu, par la parole, sa colère s’échappe.
Chacun a une histoire différente. Pourtant, elles se ressemblent toutes. La pauvreté, des institutions sourdes aux difficultés, la violence et le regard des autres. Autant de facteurs qui les ont conduits à être marginalisés par la société.
Au delà de la simple narration, on perçoit dans ces témoignages une force de caractère qu’une vie difficile a forgée, force qui leur donne le courage de reprendre leur destin en main, de réapprendre. Paroles d’illettrisme agit comme un signal; il n’est jamais trop tard pour changer les choses.
S.A.